mardi 24 juillet 2018

Marlysa et BoNe


Comme je venais de dire, je n'étais plus au courant de l'action exacte de Marlysa, même pour résumer.

En partie c'est du fait que ce n'est que maintenant que je peux lire du début (je me suis arrêté en tôme 3), mais en partie, disons, Marlysa partage un côté "confusionnel" avec BoNe, mais - franchement - je le trouve moins charmant.

Il y a des similitudes. Quelqu'un arrive du dehors (les Bone à la ferme de Rose et Thorn, près d'un village où Lucius Down est tavernier, Marlysa comme toute petite fille, genre Harry Potter chez Pétunia et Vernon), il y a toute une série d'embrouilles, il y a un danger démoniaque et un danger de la part de monstres plutôt ridicules ... pas mal de déplacements ... pas mal de changement de décor ... mais, pour une raison ou autre, Bone emporte avec moi en lisibilité.

Peut-être aurais-je trouvé Marlysa aussi lisible si j'avais eu le même âge (j'ai découvert Bone en Allemagne en 2004, en décembre), ou si ma situation avait été moins stressante (j'étais vagabond et je mendie à Paris avec environs, je cherchais de rejoindre une fille en espérant que tout allait se régler une fois les retrouvailles, je m'embrouille en amour et je me vois embrouillé par d'autres comme écrivain, la guerre d'Irak était plus éloigné que les attentats de Paris et donc les mesures sécuritaires moins pesantes) ... ou peut-être que les auteurs de Marlysa aient voulu en ajouter une couche en rendant les choses davantages chaotiques et donc moins assimilables.

Les deux sont des BD à lire par celles qui aiment héroïnes fortes, mais Thorn et Rose sont plus calmes que Marlysa ... ou même Cilia. Les deux ont une métaphysique fictionnelle achrétienne, je soupçonne un peu qu'en Marlysa il y a davantage de message antichrétienne. Je soupçonne - je ne suis pas sûr. En Bone, c'est encore soutenable (à mon goût). En Marlysa, on se demande s'il y aura un retournement du Christianisme très fort en son contraire quelque part. Ou je me demande, j'en suis encore en tôme 3./HGL

Ajoutons Moine Fou à l'équation!

Non, ce n'est pas totalement parce que je suis vieilli et plus stressé que Marlysa me paraît moins lisible.

La cadence des événements est beaucoup plus poussée en Marlysa - comme elle l'est moins en Moine Fou. La BD du Vietnamien est beaucoup plus méditative ... si c'est une impression subjective, elle s'impose.

Il y a une thématique commune entre Marlysa et He Pao ... l'orpheline qui cherche ses parents. He Pao va trouver un père qui l'est par adultère (ou il prétend l'être) qui parlera des derniers moments des parents d'Antonella. Sans doute il y a un dénouement un peu comparable en Marlysa ... mais, en Moine Fou, on est en train de l'attendre. L'attente existe et ne fait pas mal. En Marlysa, ni monstres ni héros attendent ... ou j'ai l'impression.

Les monstres en Marlysa sont aussi beaucoup moins humains que les rat-garous de Bone ... d'où l'agacement de les voir trop présents.

Et pourtant, il parait que dans Marlysa une bonne "race" a un extérieur monstrueux - belle leçon, peut-être, ou je me trompe encore sur ces gens là, mais quand même, pour moi, c'est un peu trop./HGL

samedi 21 juillet 2018

"L'heure n'est plus aux secrets d'initiés"


Dit par le "147e. Doge de Venise" - dans une BD vraiment fascinante, Marina, qui mêle la carrière de Marina Dandolo, fille du Doge Andrea Dandolo devenue pirate, avec les prophéties de Dante Allighieri.

Et le fascinant aussi, c'est que les prophéties se réalisent deux fois. Une fois, Marina est l'enfant sans bouche (elle ne parle qu'à l'âge de sept, la première fois) et dans les temps modernes, c'est le monstre de Lido. Dans les deux cas, quand l'enfant sans bouche la retrouve (elle scande un verset de Dante, l'enfant né sans bouche a une opération chirurgique), comme l'avait prédit Dante, la mort frappe la Venise par 103 fois - un feu dans les temps de Marina Dandolo et avion qui tombe dans le temps de cet "147e Doge" faisant en chaque cas 103 morts ...

Ceci est fiction il me semble - pas seulement les prophéties de Dante le sont, de toute manière, mais Andrea Dandolo n'aurait pas non plus eu une fille Marina encore moins devenue pirate. Mais l'intéressant est un jeu de pouvoir, de loyauté cicéronienne à la Cité avant les loyautés personnelles (voir De Amicitia), et, sur tout ceci, prime une prophétie que Dante aurait faite devant la Venise de son temps, sur l'ambassade qu'il y faisait. Ce qui n'est apparemment pas le cas : si la date de son décès est correcte, les circonstances d'où il attrape la malaria ne le sont pas.

L'air de prophétique sachant s'accomplir malgré des tentatives de la faire échouer pourrait être inspiré de la tragédie grecque - là où le fait de croire la prophétie sur un menace autrement non-existant faisait réaliser la menace. Ou elle pourrait être inspiré des prophéties bibliques, là où le fait de ne pas croire réalise les prophéties catastrophiques (les deux situations se trouvent dans le récit, surtout sur le temps de Marina Dandolo). De toute manière, il y a une séquence de rêve qui est inspiré des prophéties bibliques et de Venise : Marina rêve d'une confrontation avec un lion ou une lionesse ailée : et le symbole de St Marc en Venise est aussi un lion ailé.

Je ne trouve pas l'article sur cette BD dans la wikipédie, mais elle est par Matteo et Zidrou.

Je la trouvais en cherchant Marlysa (aussi dans la bibliothèque), qui est à côté, mais de laquelle l'action est plus épisodique et moins dans ma mémoire que le sera probablement Marina après un delai de non lecture comparable.

Hans Georg Lundahl
Paris XI, Parmentier
San Lorenzo di Brindisi
21.VII.2018

PS, après avoir lu la partie 1: Marina n'est vraiment pas pour d'enfants. J'avais lu 2 et 3 avant./HGL