jeudi 14 juillet 2011

Le Schtroumpf paresseux

Je viens de ne pas lire tous les albums schtroumpf à l'époque de mon enfance et jeunesse. Je viens de lire un nouveau à Boulogne-Billancourt, la Bibliothèque. Le volume est appelé depuis la première histoire, L'Étrange Réveil du Schtroumpf paresseux. Or, Peyo se revèle encore plus à point sur les derniers thèmes que je ne pourrais imaginer avant.

Le Schtroumpf paresseux devient le cible d'une blague, où tout le monde le fait croire, qu'ils aient vieilli pendant qu'il dormait 200 ans. Ils ont bricolé des toiles d'araignées, de la moississure, des fausses barbes blanches pour eux et la Schtroumpfette se voit aussi vieilli en apparence, vraiment une mamie. On marches sur des cannes, le seul qui garde le même âge c'est le Grand Schtroumpf, pour qui "200 ans de plus ou moins ..." - et puisque le seul resté jeune est le Schtroumpf paresseux, il a un bon boulot à faire.

Bonne blague contre un paresseux, certes. Et dans ce quadre, bonne chance pour les vieux que le parresseux n'était pas le seul de s'en occuper, puisqu'ils n'étaient pas tous de vieux, les autres. Dans l'histoire il y a d'autres circonstances selon lesquelles la blague tourne vers le mal. Gargamel.

Mais aussi, un bon avertissement sur le vieillissement de la société. Un jeune homme ayant la charge de 99 vieux, bon, c'est dur. Alors, tranquille, faire enfants est peut-être pas une mauvaise idée, quand même! Honorons le fait que l'album sortait en 1991 (l'année du décès de Monseigneur Lefèbvre) et que ce n'est qu'en 2003 qu'un premier ministre socialdémocrate en Suède annonce que l'état, par motif de démographie, ne sera plus au même de garantir les retraites du futur, tout homme n'ayant pas encore sa retraite à partir de 18 reçoit une enveloppe orange avec les revenus côtisés par lui et le revenu calculable mensuel pour sa retraite. Le problème, c'est que les assurances privés tout comme le système centralisé d'avant dépendent de fait de la démographie, pas seulement des droits acquis. Avec 99 vieux sur un homme travaillable sans enfants, ils auront de fait droit à 1% de sa production, lui ayant aussi droit à un pourcent - que le côtisement soit volontaire, familial, privé ou étatique. Bonne idée de reduire les naissances? Non. Pas vraiment. Et Peyo a vue ça en 1991.

Presque aussi hallucinant que le fait qu'il donne une idée que les dinosaures auraient été des expériences génétiques antédiluviales tournées mal dans l'autre album beaucoup plus vieux: Les Schtroumpfs et le cracoucass. Si Tyrannosaurus Rex (30 fossiles) n'était pas une espèce, mais une variante artificielle d'une autre espèce, 100 fois plus petit, ça explique quelque chose sur l'arche de Noé, problème posé par les évolutionnistes. Retournons vers l'album de 1991:

Dans cet autre histoire, Le Petit Train des Schtroumpfs, il explique pourquoi Gilbert Keith Chesterton avait adressé une gratitude au Seigneur chaque fois qu'il arrivait après de prendre le subway (métro de Londres, commençait pendant son vivant), il y a la possibilité technique de détournement de train, voir - d'attentat. Et Peyo écrivit ça bien avant l'ère actuelle avec les alertes entre rouge et orange sur le plan vigipirate contre le terrorisme. Il y a des progrès techniques qui reposent sur la confiance que les gens n'abuseront pas pour le pire. L'âge de vapeur, on croyait dans l'empire Brittanique et l'empire Français et les États-Unis et Prusse et Russie. On a eu deux guerres mondiales. L'âge des centrales nucléaires, on avait eu les accords de Yalta et d'Évian, on avait l'ONU, on croyait que les violences récentes auront été parmi les derniers d'une humanité en marche vers le progrès. Les trains sont bons - surtout quand il n'y a pas d'attentat. Dans l'histoire, le coupable s'appelle Gargamel. Quelle chance pour les Schtroumpfs d'avoir un ennemi aussi inepte que le diable médiéval devant la grande présence de l'église au Moyen Âge. Et de n'avoir qu'à peu près un train de Märklin comme technologie sabotageable. Nous, on a un diable dont le pouvoir est grandi par l'anticléricalisme et la perte du sacré, et les terroristes et malfaiteurs de nos jours ont affaire avec un dépliage un peu plus lourd que ça des jouets.

Hans-Georg Lundahl
Paris
14 juillet 2011

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