Je n'ai pas lu ce livre comme enfant. J'avais demandé, je n'ai pas eu. Je remercie mon grandpère, posthumement, de m'avoir permi de le lire pour la première fois comme adulte. D'ailleurs, je n'ai que lu le tôme 1.
Il y a des réflexions qui se présentent.
Karl May était un peu le Jules Verne allemand (il était aussi francophile et déplorait les abus de leur victoire de 1870). Mais il était plus ou moins tout le temps en train de réécrire ce roman, dans à peu près tous les siens! Que les tours vont en Espagne et Mexique (avec hélas un côté prorévolutionnaire, pour Juarez, contre les Carlistes, que voulez-vous, il était Protestant), ou en Turquie, Wild West et Sibérie, ses héros sont toujours en train de chercher un membre de famille disparu et parfois réputé mort. Mot clef: "je ne crois pas au mort de qui-que-ce-soit, avant de voire son cadavre".
Autre, Alexis Nesme a réussi l'adaptation très bien. Le concept avec des animaux aurait pu être douteux, il l'a réussi.
Autre encore, Tolkien semble l'avoir lu, voire l'ascente de la Cordillère et comparer Caradhras. Les trois textes dans le Secret de la Licorne impliquent que Georges Remi l'avait lu aussi.
Autre encore, Jules Vernes vivait dans l'époque coloniale, mais ses voyages sont assez souvent en dehors les colonies de France. Façon discrète de se distancer sinon du colonialisme en global au moins de certains aspects?
Encore une autre. L'histoire peut être lu en partie comme une allégorie du récherche du savoir. Une bouteille se trouve fortuitement dans l'estomac d'un requin-marteau. Il y a trois variantes du texte, en trois langues, mais chacune partiellement effacée (ne soupçonnons pas de la Ringparabel du Lessing, ça serait théologiquement triste, car la vérité reste accessible en entier, ou à des très petits détails près, dans une même tradition, la catholique!), il faut les ajouter l'une variante à l'autre, enfin il y a au moins un malentendu qui ne sera pas éclairé qu'une fois une expédition futile faite dans un sens qui n'est pas le bon, néanmoins cet échec n'est pas sans bons fruits, car on y verra le savant Paganel (qui lui aussi avait pris la mauvaise direction, il s'était trompé sur le train à prendre). Tel était à peu près l'idéologie du savoir à l'époque. Une idéologie qui excluait la vérité fixe donnée et bien comprise en avance (Ringparabel et Lessing semblent se présenter, hélas, mais Karl May était aussi pire comme théologien que comme romancier).
Finalement, va-t-on bien regagner capitaine Grant bientôt en Australie ou Ulimaroa? On verra./HGL
vendredi 10 mai 2013
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