mardi 4 novembre 2025

Les Enfants de Timpelbach


Tout d'abord, Mr. Henry Winterfeld a fui l'Allemagne en 1933, en Autriche. Pour certains (oui, il en était) très naturel de fuire l'Allemagne en 1933. Et puisqu'il ne quitte pas l'Autriche avant 1938, il n'a pas dû se sentir incommodé par l'Austrofascisme. En 1937, son roman est publié en Suisse. Entre autres choses, ça explique que la voiture la plus voyante du roman a encore une manivelle — même si elle marche aussi sur clef.

En plus, l'Italie étant sous Mussolini explique peut-être le délai des parents ... eh oui. Des parents outragés par le désordre semé par des jeunes de Timpelbach (à l'original Timpetill), curieusement sans ados plus âgés de 13 ... si ce n'est que les 14 et plus âgés sont en pension à Kollersheim pour le Gymnasium, Real-Gymnasium ou Realschule (trois versions du lycée en Autriche). Ces parents outragés, donc, font une conférence dans la mairie, décident de partir pour une journée pour laisser les enfants se débrouiller tous seuls, ayant pris le train à Kollersheim, ils vont en excursion dans une forêt, se trompent de sens, et sont arrêtés par des troupes frontaliers de l'autre pays. À Tyrol, ça pourra être l'Allemagne dans la Bavière, l'Italie dans la Lombardie ou dans le Tyrol de Sud ou Suisse dans les Grisons. Et ce sera des jours avant qu'ils puissent finalement revenir à la ville. Peut-être la publication en Suisse a été motivé pour qu'en Autriche il n'y ait pas de soucis avec les Italiens ou Allemands irrités pour cette description.

1937 ? C'est donc tellement avant Sa majesté des mouches que Bilbon le Hobbit est avant le premier volume du Seigneur des Anneaux. Ce n'est pas parce que le temps que les enfants sont laissés à eux-mêmes est plus court chez Winterfeld que chez Golding, que ça finit mieux. Aussi, les enfants sont chez eux, ils ne sont que provisoirement coupés des conforts de la civilisation (les parents avaient coupé l'eau et l'électricité), et les habitudes sages des temps des parents sont les meilleurs pistes pour les retrouver (avec un tout petit peu de techniques de cambriolage avec). Mais, peut-être 1954 était une année plus sombre que 1937 et Golding, irréligieux qui garde de ses origines chrétiennes protestantes l'idée du péché originel, dans la version protestante exaggérée, plus sombre que le serait un Catholique ou que le serait encore ... comme Winterfeld ... un Juif. En plus de Hambourg, aire luthérienne et donc essentiellement néopaïenne.*

Sachant qu'il était Juif, j'ai moins de goût encore pour la scène avec la statue de St. Matthieu (raison probable de la non-publication en Autriche**). Mais au moins on peut dire que la statue sauve une vie, à peu près. Il s'agit d'un garçon derrière le volant. Oui, sans permis. Vous aviez quelle expectation sur un livre où les enfants sont laissés tous seuls dans la ville ?

Mais, à différence du Golding, chez Winterfeld, au moins ce roman, même les voyous ne commettent pas de meurtres. En allemand, ses romans sur Caïus (jeune détective des temps romains) sont plus lus, je ne sais pas s'ils contiennent des meurtres./HGL

PS, ne cherchez pas Timpelbach, ou Kollersheim, sur la carte, c'est comme de chercher Syldavie sur une carte du Balkan./HGL

* Joyeuse, pas forcément pour les sdf.
** Catholique d'une manière très confessionnelle.