dimanche 26 janvier 2014

Page 50. Je ne peux plus me taire.

Marcelino dit en première case sur deuxième ligne, la troisième case en total sur la page, à sa femme:

La guerre fait des nous des assassins!Mais ce n'est pas nous qui avons commencé ... c'est eux!


Tolkien* avait - après avoir écouté Roy Campbell avec un peu moins de soupçons que son ami Clive Staples Lewis (dont la femme future encore inconnue de lui sympathisait avec les brigades**) - la même excuse pour des ordures comme Le Venin.***

Je paraphrase: on ne reproche pas trop à une femme violée d'être devenue une prostituée, et ainsi on ne reproche pas trop en bonne justice à quelqu'un ayant subi ou témoigné des énormes cruautés d'être devenu sanguinaire lui-même. Il avait la même excuse pour un sanguinaire parmi les gens qui chantaient Cara al Sol (qui n'est pas un chant sanguinaire en soi, qui est plutôt calculé à son propre moment d'instiller une envie de la paix ... mais un chant n'arrange pas toujours tout) qu'il aurait° eu plus tard pour un rescapé d'Auschwitz ou de Dachau se joignant au Centre Wiesenthal.

Comme on le note, si on a quelque objectivité, j'ai mis Azaña et Hitler (comme politicien, je lui souhaite une carrière posthume comme peintre) dans le même sac. Ils étaient tous les deux progressistes et ni l'un ni l'autre ni Catholique, ni non plus amène à vouloir au moins laisser la liberté de conscience aux Catholiques, notemment dans les affaires de l'école.

Ceux qui avaient voté pour Azaña (mais dont certains en Asturies n'avaient pas respecté le régime également voté de Gil Robles en 1934 et qui ne se sont pas contentés de s'opposer au régime là où il faisait trop de faveurs à certains patrons trop exploiteurs, mais qui attaquaient l'église aussi) est-ce qu'ils avaient tous voulu qu'il mette en place une école à la Jules Ferry avec des professeurs qui prêchaient l'athéisme? Je crois qu'ils avaient majoritairement voulu plutôt se débarasser de Gil Robles - trop ami des patrons à leurs yeux et ayant donné des ordres trop farouches à Franco°°. Et non pas tellement à tout prix avoir une école athée et le mépris du clergé et des bonnes sœurs. Lui, il ne savait pas modérer l'usage qu'il faisait de sa victoire. En plus, il avait même instauré la si-dite "démocratie" (pour réprendre le mot des brigades), c'est à dire la République, et ceci en 1931, avec un coup d'état. La Seconde République, était-elle légitime? Les Carlistes répondirent que non.

Je viens de voir un royaliste se plaindre du fait que Louis XVI ne se soit pas montré du même calibre que ... Franco? Ou plutôt Gil Robles?

Ou comme Dollfuss en réponse à la brève Guerre Civile d'Autriche en 1933? Mais là Dollfuss savait déjà pertinemment que ses opposants voulaient faire une révolution sanglante et admiraient quelque part les Bolchéviques. Louis XVI, pouvait-il savoir ça des gens qui avaient pris La Bastille ou qui venaient l'ammener aux Tuiléries? Non.

C'est sûr que Louis XVI n'a pas commencé cette guerre. Ni l'église, au moins pas activement.

Mais je ne dirais pas que Marcelino était en position de peser ces choses avec la même objectivité que la femme de Mateo ... surtout pas après la mort de Mateo. Que Carlos Giménez fait très bien de raconter dans la bande dessinée Les Temps Mauvais (Madrid 1936-1939). Neutre, non. Du bon côté, non. Objectif, d'une manière assez large, oui. Au moins pour un athée de gauche. Je ne savais pas avant d'ouvrir ce volume que Paracuellos était autobiographique.

Hans-Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
II Dimanche après Épiphanie
26-I-2014

* John Ronald Reuel évidemment.
** Elle se convertit "dans les années 40" et la soirée entre Campbell, Lewis et Tolkien a lieu en Octobre 44.
*** Voir par exemple les pages 37 à 42. L'épisode s'appelle Le Tueur Bavard. Une autre épisode est encore plus sanglante.
° "Sans doute" comme on dit, et selon ma lecture. Il méprisait le tracage des Juifs dès 1938 au plus tard - et peut bien avoir fait allusion au règlement de Dachau du Novembre 1933 comme une atrocité "perpétré par les gobelins".
°° Qui pendant la guerre ensuite s'absentait des atrocités. Il en avait sans doute eu "basta" sur le sol du Rif et sous la bannière rouge or et pourpre en Asturies. Yagüe en faisait, Mola en encourageait (notemment à un Goering qui l'a peut-être pris trop à la lettre), Queipo s'en vantait, comme Le Venin (et il était un Franc-Maçon, notons-le, ceux qui sommes prêts à faire confiance à la droite de ne pas être franc-macs et ceux qui sont de leur côté prêts à faire confiance aux francs-macs de ne pas être ni à droite, ni atroces - Lorca fut tué par un franc-mac ou plus exactement sur ses ordres). Franco s'en absentait. Et quand je dis Franco, je ne parle évidemment pas du franc-maçon qui avait considéré Paquito comme un idiot, ni d'un aviateur qui choisissait le côté républicain, mais Francisco Franco Bahamonde. Non pas de manière non-juridique.

vendredi 3 janvier 2014

Une épatante aventure de Jules : Premier tome : L'Imparfait du futur (avec deux défauts)

Je cite la wikipédie avant de faire deux observations:

Jules est un adolescent normal de 12 ans. Il a un petit frère très idiot, Roméo, et un cochon d'Inde, Bidule.Un jour, il reçoit une visite de l'ASM, l'agence spatiale mondiale. Ils proposent alors à Jules de participer à un voyage dans l'espace, dans un vaisseau expérimental allant à la vitesse de la lumière, jusqu'à Alpha du Centaure. Il aurait été sélectionné par des ordinateurs par rapport à ses notes au collège, ce qui est bizarre, car il n'a pas de notes exceptionnelles. Il est accompagné par Janet Wilkins, la fille d'une célèbre généticienne. Après le départ, il découvre qu'il a été sous-informé : à cause de la relativité, le voyage durera 8 ans et non quelques semaines, comme il le croyait. Après le voyage, ils découvrent des extraterrestres télépathes. Au moment de rentrer, ils découvrent que le responsable du voyage, le professeur Greludin, est fou et a programmé le vaisseau pour lancer une bombe sur Alpha du Centaure, mais ils réussissent à rentrer à temps avant que celle-ci ne fasse exploser le vaisseau. En rentrant, Jules est étonné d'avoir une grande maison : ses parents ont gagné un procès contre l'ASM.


Observation 1:

Plus on va vite, moins grandes sont les distances selon la version de rélativité donnée par la BD en question.

Donc on pourrait atteindre une vitesse dans laquelle toutes les distances de l'univers sont annulées. Et à partir de là réémerger sur un autre lieu choisi en se ralentissant. Cette vitesse serait celle de la lumière.

Or, ce que j'avais appris moi sur cette théorie (dans laquelle je n'ai pas de confiance de toute façon) est que dans la vitesse de la lumière un objet serait infiniment long. Donc, une distance devrait l'être aussi. Donc ce plan ne fonctionne pas, comme beaucoup de Sci-Fi il y a du "technoblabla" dans les explications données et ceci en fait partie.

Observation 2:

Jules et Janet Wilkins auraient été choisis par le savant fou dans le but exprès de peupler un autre monde avec l'humanité future pour remplacer celle de notre terre qui sera inhabitable.

Le problème éthique est abordé comme si le fait de choisir des jeunes et sains gens qui pourraient se reproduire dans tel ou tel endroit était un malfait d'eugénisme. Un peu genre le nazisme.

En réalité, le malfait eugéniste n'est pas dans l'encouragement de jeunes gens de se reproduire. Dans un choix fait précisément en vue de leur santé et sans prendre en compte les éventuels sentiments ou le mariage, ni leur volonté de rester ensemble et d'éduquer leurs enfants ensemble, oui, là on aurait Lebensborn, mais le malfait eugénique majeur de l'Allemagne Nazi n'était pas Lebensborn. Le malfait majeur était l'avortement légalisé pour les malades dépistés avant la naissance. Et ceci depuis 1935 déjà. Et ce même malfait est commis aujord'hui en France aussi. On le prône même par le Téléthon, puisque partie des revenues de ce Téléthon va pour le dépistage prénatal et préimplantatoire des myopathies génétiques.

La stérilisation forcée était la règle en Allemagne Nazie depuis 1933. Après l'avortement des malades, forcée ou au grès des mères, ceci aussi est un malfait majeur de l'eugénisme. Moins mal, quoique encore détestable en soi, est alors que les Nazis ont en Lebensborn prôné quasiment l'amour libre. Mais ça c'est déjà pire que le plan que Gredulin avait avec Jules et Janet et avec un autre couple.

Ce n'est pas l'encouragement faits à certains de se réproduire qui est eugénisme, c'est le découragement des autres qui l'est. Mais Émile Bravo prône sans honte la confusion là-dessus.

Ce qui est dommage, car à part cette hystérie pseudo-anti-nazie qui forme la péripétie de ce bouquin, il était assez sympa.

Par contre, éradiquer la population humaine que ce soit d'un autre pays ou d'une exoplanète (à supposer que ça existe en taille comparable à la terre) pour la remplacer avec son propre peuple aurait été un malfait qui dépassait de beaucoup même le nazisme, ne fût-ce qu'en échelle et en intensité. Et telle était aussi le plan de Gredulin.

À part ça, je ne suis pas un croyant dans les extraterrestres non plus, les apparitions sont probablement démoniaques, mais ça ne rend pas la lecture de ces BD un acte immoral à mon avis.

Hans-Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
Ste Geneviève de Nanterre et Paris
3-I-2014