samedi 6 mars 2021

2 * Paris à Gallerie 43


Il s'agit encore une fois de Gallerie 43, adresse 43, rue Vandrezanne, XIII quartier Butte aux Cailles. Il s'agit de deux artistes.

Régis Broustet fait des vues d'extérieur, de jour, et Notre Dame tellement baignée en lumière de soleil que je demandai si c'était Paris, ce qui était le cas. On dirait l'impressionnisme dans le sens le plus classique : pointillisme, plus blanc que beige, plus beige que marron ou noir, chaque objet, que ce soit une église, que ce soit deux chaises de bar, que ce soit une entrée de métro, tout, tout, tout est baignée en lumière. On voit davantage la lumière vibrer autour de l'objet que l'objet même.

Si dans une série télévisé la dernière prise d'écran se transformait en tableau Régis Broustet, et la vignette finale avec les crédits se déroule sur musique là-dessus, j'aurais l'impression que la série était optimiste, genre Pagnol se retrouve à Paris, et la musique pourrait bien être cette merveilleuse vignette qu'on avait sur la série télévisée Tom Sawyer (en Suède elle a été diffusée aussi).

Si dans un film fantastique, quelqu'un prenait des lunettes, et les images (tout en continuant de bouger) étaient (de son point de vue) de Régis Broustet, alors, j'aurais l'impression que les lunettes donnaient la vue angélique.

Fred Latrace a fait de l'impressionnisme aussi, selon son site, mais ce que j'ai vu de Paris, ça avait l'air expressionniste. Parfois un pan de couleur (appliquée à la mode bande dessinée, grands pans, pas de pointillisme), par exemple en vert, donnait l'impression d'être choisi pour donner l'humeur de la personne ... on a l'impression d'être à Paris by night, des intérieurs, des lumières de lampes et parfois de lampes colorés, un peu glauque.

Si je devais remplacer Pauline Baynes par un artiste différent par livre dans la Narniade, je prendrais Régis pour L'Odyssée du Passeur d'Aurore, il serait merveilleux pour la vue des gens qui avaient bu de l'eau qui est de la lumière liquide et qui par conséquent pouvaient regarder le soleil en face. Fred Latrace, ce serait très à point pour l'atmosphère de la salle dans le royaume du Monde Souterrain, dans le livre Le Fauteuil d'argent.

Si je voyais la dernière prise d'écran transformée en Fred Latrace pour une série télévisé, j'aurais l'impression que la série était pessimiste. Pas trop, pas dépression noire, mais quand même ... le pessimisme de Brideshead Revisited moins le glamour. Le générique devrait être plutôt rock, et peut-être plutôt U2 que Rénaud. Il ne serait pas Pagnol, plutôt un polar, mais pas trop noir.

Ce n'est pas que je déconseille Latrace - mais je le conseille un peu moins que Broustet. Mais un de chaque, ou si vous n'avez pas l'argent, visitez Gallerie 43 maintenant, ça donne une très bonne balance, et c'est un peu un message social. Oui, Paris est quelque part une ville de lumière, comme la peint Broustet, mais c'est en partie grâce à un travail de maintenance, dont le goût prolétaire devient un peu plus glauque, un peu plus pessimiste, un peu plus Paris by night, un bar où les policiers pourraient prendre leur café pour pouvoir circuler à 2:00 du matin, comme le peint Latrace.

Hans Georg Lundahl
Paris
Saintes Perpétue et Félicité
6.III.2021