mercredi 30 octobre 2024

Est-ce que St. Paul interdit le manga ou l'animé ?


Je ne parle pas de telle ou telle œuvre à cause du contenu.

C'est fort possible que Love Hina offense, par le délai prolongé entre première attraction et le mariage, contre l'adage :

Mais s’ils ne peuvent se contenir, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler.
(I Cor 7)

Et par le fait que Keitaro soit obligé de tellement prendre du mentorat de son frère aîné, contre l'adage, pas paulin mais dominical cette fois :

Et ne donnez à personne sur la terre le nom de Père ; car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est dans les cieux. Qu’on ne vous appelle pas non plus Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, le Christ.
(Matth. 23)

Ou, on pourrait considérer que le manga en question illustre comme satire sociétal ce que St. Paul avait prévu :

des doctrines diaboliques ; enseignées par d’hypocrites imposteurs qui ont la marque de la flétrissure dans leur propre conscience ; qui proscrivent le mariage,
(I Tim 4)

Et ceci entre autre à des gens qu'on considère encore pas suffisamment réussis ... ce qui pourrait donc rendre Love Hina (à part certaines scènes trop cocasses) licite.

Non, je parle du genre. Certains aimeraient citer :

Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai laissé là ce qui était de l’enfant.
(I Cor 13)

Certains prétendraient que, pathologique ou non dans le sens physique, à la limite "le syndrome de Peter Pan" serait au moins un péché. À savoir contre cette injonction de l'Apôtre ... qui n'en est pas.

Un temps quand j'étais enfant, je trouvais encore fantastique l'idée de pouvoir mettre les mains dans la poche et sortir exactement le montant désiré pour l'achat.

D'un côté, sans de travailler pour (attention, je fais mon boulot* d'écrivain), ni d'en recevoir comme cadeau par quelqu'un qui en avait davantage de droit direct. Mais d'un autre côté, depuis, j'ai compris le sens de la fin de cette série**. Un revenu sans travail*** implique un vide dans la poche de quelqu'un qui travaille. La morale est à peu près celle de L'Ile des Naufragés par Louis Even. Ceci, j'étais à l'âge de sept ans (le temps de la série en télévision) pas très apte à capter. St. Paul parle de cette expérience universelle, de mûrir. Et il l'utilise comme illustration que tous les sauvés nous comprendrons à la fin que "l'amour vaincra" ou pour parler de la source de Frère Paul-Adrien° :

Maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, la charité ; mais la plus grande des trois c’est la charité.
(I Cor 13, un peu plus loin et le dernier verset)

Pour revenir brièvement à ce garçon aux pantalons à l'or, s'il comprend à la fin qu'il faut restituer, c'est pas sans conséquence qu'il s'appelle Mats — le suédois pour Mathias ou Matthieu. Quand il fait ça en donnant aux assoc., ce n'est pas sans conséquence qu'il s'appelle Nilsson en nom de famille. Nils étant le suédois pour Nicolas.

Le point est, St. Paul ne fait aucune injonction contre que ce soit syndrome de Peter Pan ou que ce soit de traduire St. Thomas d'Aquin en des termes quottidiens ce qui souligne le côté que certains trouveraient naïf ou enfantin ou même infantil et (que Dieu les convertisse !) niais.°° Je dirais au contraire que de chercher une aura d'adulte sérieux pourrait parfois enfreindre l'injonction dominicale :

Ils aiment la première place dans les festins, les premiers sièges dans les synagogues, les salutations dans les places publiques, et à s’entendre appeler par les hommes Rabbi. Pour vous, ne vous faites point appeler Rabbi ; car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères.
(Matth. 23)

On vient de prétendre comme réfutation des évangiles que le titre "rabbi" ou "rabbin" n'existait pas au temps de la vie terrestre de Notre Seigneur. Paraît pas trop grave, je pense que les contextes dans les Évangiles pourraient s'expliquer comme un honorifique un peu moins formel, genre comme au japonais "sensei" ... ou comme mentor. Quand je pense à ma lecture Du Rabbin Small et je regarde ce qui se trouve en I Tim, je pense possible que la fonction de rabbin chez les Juifs talmudiques (et dérivés) a pu se former avec un regard furtif (surtout pas avoué) sur la fonction de l'évêque chez les Chrétiens.

Si j'ai raison en ceci, et Jaïre me semble donner raison, car St. Marc l'appelle pas "rabbi" ou "rabbin" mais un des chefs de la synagogue, Jésus critique alors pas la recherche d'une position hiérarchique bien définie (au contraire loué en I Tim 3), il critique l'ambition d'être pris au sérieux, de paraître solide, d'avoir l'approbation des autres comme quasi-confirmation de sa solidité. C'est le programme tout contraire au celui de certains psys qui prétendent "guérir" du syndrome de Peter Pan.

Il y a certains moralistes pour qui la "paralittérature" et la "culture populaire" sont par définition en déficit moral. Je pense que tout simplement leur position n'est pas celui de l'Église catholique, et si certains prendraient l'époque qu'on mit en garde contre Hollywood, soyons clairs qu'avant le code Hays, pas mal de films de Hollywood avaient des scènes trop cocasses, qui dépassaient le fan service. Ce n'est pas simplement le cas que la culture populaire en tant que telle était vue comme pécheresse.

Déjà, par exemple, dans l'encyclique DIVINI ILLIUS MAGISTRI, avons-nous exprimé le regret de voir "ces puissants diffuseurs, susceptibles de collaborer magnifiquement à l'enseignement et à l'éducation s'ils étaient au service de la vérité, devenir, hélas! trop souvent les pourvoyeurs de gains immondes et de plaisirs exaltant le vice". (A. Ap. Sed., 1930, vol. XXII, p. 82).


Dans la suite de Vigilanti cura, pape Pie XI souligne que le respect de la décence n'a pas baissé les revenus, bien au contraire, et on peut en conclure que c'est de Hollywood qu'il parle, pas d'un cinéma "d'art" dit tel par contraste avec le cinéma commercial :

On avait également prédit, mais sans fournir de raison plausible, que, du fait de la croisade, les capitaux engagés dans l'industrie cinématographique subiraient de sérieux dommages. Il n'en fut rien. Nombreux sont, en effet, les amateurs de cinéma qui s'en étaient éloignes avec horreur à cause des profanations qu'ils y voyaient infliger aux bonnes moeurs, et qui se sont empressés d'y revenir dès qu'ils ont pu se convaincre que les spectacles n'offensaient plus l'honnêteté chrétienne ou simplement humaine.


Il se trouve qu'en partie le pape a été trompé dans les faits.°°° Comme dit, Queen Christina le film est un insulte à la reine abdiquée de mon pays. J'ai vu son tombeau dans la Basilique Saint-Pierre, d'ailleurs. (Oui, 41° 54′ 08″ nord, 12° 27′ 12″ est, comme dans une lecture mauvaise du sextant par les Dupont).

Mais ce qui reste sûr, Pape Pie XI ne condamna pas la culture populaire en tant que telle, et Tintinophile que je suis, Astérigophile aussi, j'en suis soulagé.

Hans Georg Lundahl
Paris
Veille de Toussaint
31.X.2024

* Voir ma production de septembre, par exemple :

Production September 2024

Et mon lectorat, par exemple les statistiques de deux semaines en septembre :

Statistique de deux semaines

** Pojken med guldbyxorna, pas juste la série de 1975, mais aussi comme livre de 1967, mais je l'ai vue en télévision. Auteur Max Lundgren.

*** Y compris travail d'un donateur.

° Dont le contenu est parfois moderniste en doctrine, genre il est contre le créationnisme.

°° Par exemple de traduire "puissance" par "possibilité" à part quand il s'agit d'une puissance active d'un agent (d'un agissant !) — car il s'agit d'un pouvoir-arriver ou d'un pouvoir-faire, tout simplement ça.

°°° Je donne quelques critiques contre la League of Decency en ce post d'il y a quelques années :

Michael Matt Overpraised Legion of Decency and Denigrated Greydanus beyond Demerit
https://assortedretorts.blogspot.com/2018/03/michael-matt-overpraised-legion-of.html


Et en ce post, à moins qu'ils ignoraient les détails :

Was the Catholic League of Decency Catholic, Back Then?
https://assortedretorts.blogspot.com/2022/05/was-catholic-league-of-decency-catholic.html

jeudi 15 août 2024

"L'invitation au voyage avec Corto Maltese"


Je viens de lire Océan Noir · Corto Maltese, BD accessoire en "Fantomen" ? · Un autre, pas Cort (o Malt) ese, mais Cortese · "L'invitation au voyage avec Corto Maltese"

C'est une des publicités pour la grande exposition Corto Maltese à notre Pompidolienne.

C'est d'un côté juste. De l'autre, ça me rappelle un autre auteur qui "invite au voyage" ...

Regardons quels livres de Karl May étaient traduits en italien en 1967, quand Hugo Pratt commence "Una ballata del mare salato"

Nelle terre del profeta - Milano - Tip. Vecchi - 1934
Il tesoro del Lago d'Argento, traduzione di Angelo Treves - Milano - Sonzogno - 1939, romanzo western
La fattoria nel deserto: romanzo di avventure, traduzione di F. Federici - Milano - V. Bompiani e C. - 1955, romanzo western
Le avventure di Mano-di-Ferro, traduzione di Rita Banti - Firenze - Salani - 1956, romanzo western
I Figli del Sole (Das Vermächtnis des Inka) - Firenze - A. Salani - 1959, romanzo di avventure
Mano-di-Ferro sul sentiero di guerra - Firenze - A. Salani - 1961, romanzo western
L'invincibile Mano-di-Ferro, traduzione di R. Banti - Firenze - A. Salani - 1962, romanzo western
I Figli del Sole (Das Vermächtnis des Inka) - Firenze - Salani - 1962, romanzo di avventure


Nelle terre del profeta — je ne suis pas sûr si l'endroit est le Soudan (16.—18. Im Lande des Mahdi I—III) ou l'Empire Ottoman (1. Durch Wüste und Harem (1892, ab 1895 Durch die Wüste), 2. Durchs wilde Kurdistan (1892), 3. Von Bagdad nach Stambul (1892), 4. In den Schluchten des Balkan (1892), 5. Durch das Land der Skipetaren (1892), 6. Der Schut (1892)), je pense plutôt le premier. Conférons pour Corto Maltese, Les Éthiopiques.

Il tesoro del Lago d'Argento (Der Schatz im Silbersee), c'est le Wild West. La fattoria nel deserto, Le avventure di Mano-di-Ferro, Mano-di-Ferro sul sentiero di guerra, L'invincibile Mano-di-Ferro aussi, pour le premier je ne sais pas lesquels, pour les trois autres, je pense 7.—9. Winnetou I—III.

I Figli del Sole (Das Vermächtnis des Inka), Amérique du Sud. Conférons pour Corto Maltese Sous le signe du Capricorne, Corto toujours un peu plus loin, Tango et aussi parties du fan fiction par Martin Quenehen et Bastien Vivès, Océan Noir.

Notons que si, pour la période de la Révolution russe, on a un Corto Maltese, Corto Maltese en Sibérie, pour la période Tsariste, on a un roman sur "das Kleeblatt", à savoir Zobeljäger und Kosack.

Il semble que Hugo Pratt n'était pas encore Franc-maçon au début de Corto Maltese, Karl May de son côté rêvait de devenir Franc-maçon un moment donné, mais c'est controversé s'il ait réalisé ce rêve.

La loge attire un certain type d'hommes, et à mon avis pas forcément les meilleurs raconteurs. Karl May, je le pose devant Hugo Pratt, mais derrière mes lumières de plus tard (C. S. Lewis, J. R. R. Tolkien, G. K. Chesterton, Hilaire Belloc), chez lesquels orthodoxie chrétienne (sauf que Lewis était anglican) et clarté d'écriture (chez tous) et bonne inspiration romancière (sauf chez Belloc) coïncident.

Bien entendu, l'idée d'un voyage dans les pages, c'est noble. Il y en a aussi chez Evert Taube. Sinon frère des loges, au moins habitué. Un peu difficile de faire carrière en musique si on boude systématiquement les loges, pour la Suède. Oui, il était balladeur. Il écrivit aussi des récits de ses voyages, comme Belloc aussi. Dans les deux la religion catholique est évoquée, chez Belloc parce qu'il était un Catholique, chez Taube, parce que, ayant rencontré un prêtre, il était choqué de ses opinions quasi Feeneyites (c'était en Amérique du Sud, je pense).

Et si Hugo Pratt avait été davantage intéressé de ses ancêtres jacobites que de l'ésotérisme ?

Hans Georg Lundahl
Paris
l'Assomption de N. D.
15.VIII.2024

samedi 27 juillet 2024

Corto Maltese, BD accessoire en "Fantomen" ?


Je viens de lire Océan Noir · Corto Maltese, BD accessoire en "Fantomen" ? · Un autre, pas Cort (o Malt) ese, mais Cortese · "L'invitation au voyage avec Corto Maltese"

Si je me souviens bien, la BD de l'album Les Celtiques, qui met en scène Obéron a été sérialisé en Fantomen.

Le magazine en question donne à la fois Le Fantôme et des BD accessoires, dont, selon ma mémoire, une fois cette chose d'Obéron dans le monde Corto Maltese. M'a plu davantage que d'autres extraits de Corto, mais en général, Corto m'a moins plu que Le Fantôme en soi.

Je note que Pratt était en partie Juif et Franc-Maçon, Lee Falk était Juif, à ma meilleure connaissance pas Franc-Maçon.

Une critique française a qualifié Corto Maltese d'onirique. C'est vrai, même un peu trop. Il m'est arrivé d'acheter le numéro suivant de Fantomen pour une série du Fantôme, mais pas pour une série de Corto Maltese. La fois que je l'aurais presque fait est, quand Corto Maltese mit en scène Obéron.

Ça me fait bien d'avoir lu la fin de cette histoire, mais je reste pas vraiment un fan inconditionnel.

Lee Falk et Stan Lee, Juifs américains, sans appartenance à la Maçonnerie, me ressemblent davantage que Hugo Pratt ou Rudyard Kipling, Franc-Maçons.

C'est de Stan Lee (Juif agnostique) que j'ai l'info tellement primordial que trois choses effraient les vampyres :

  • l'ail
  • le Crucifixe
  • les prières en latin.


Un autre agnostique, en partie d'origine juive, m'a aussi encouragé de devenir Catholique. Mon grand-père, par ses propos à ma mère. Il n'était pas religieux, mais la religion selon lui la plus juste, c'était l'Église catholique.

Par contre, aucun raconteur m'encourage de devenir Franc-Maçon ou pareil. Hugo Pratt ne rend pas alléchante la Gran Loggia d'Italia degli ALAM. Kipling va pas m'attirer à Lahore Masonic Temple. Dan Brown ne me fait pas rêver de Psi Upsilon. Et sur mon grand-père, par une épisode révélé par sa veuve m'en décourage. Les maçons lui ont offert une pension, il l'a refusé.

Mais en plus, ils sont inférieurs à Lee Falk et Stan Lee, et à Hal Foster, à mon goût. Et ceux-ci ne sont pas tout à fait à la hauteur de C. S. Lewis, J. R. R. Tolkien, G. K. Chesterton. Pour Belloc, je suis divisé, lui, comme Brasillac, moins les romans, mais bien certains d'autres proses, surtout Belloc.

Hans Georg Lundahl
Paris
St. Pantaléon de Nicomédie
27.VII.2024

PS, une Rachael Salzmann sur Quora dit avoir essayé de relire Le Monde de Narnia comme adulte, et qu'elle se trouvait incapable d'ignorer "the Christian crap" qu'elle avait réussi à ignorer comme enfant. Par contre, elle ne considère pas que la relecture serait infantile.

Elle n'est pas Chrétienne et n'aime pas Le Monde de Narnia. Je suis Chrétien, et j'aime Le Monde de Narnia./HGL

samedi 13 juillet 2024

Je viens de lire Océan Noir


Je viens de lire Océan Noir · Corto Maltese, BD accessoire en "Fantomen" ? · Un autre, pas Cort (o Malt) ese, mais Cortese · "L'invitation au voyage avec Corto Maltese"

Il me semblait depuis l'expo que le Corto Maltese "canonique" d'Hugo Pratt s'arrête en 1936 ... quand j'ai vu une référence à 1945, j'ai revérifié l'auteur.

Corto Maltese (Quenehen et Vives)
Casterman, 01 Septembre 2021
https://www.bdtheque.com/series/21272/corto-maltese-quenehen-et-vives


Conférons la wiki :

Hugo Pratt, nom de plume d'Ugo Eugenio Prat, né à Rimini en Italie le 15 juin 1927 et mort à Pully en Suisse, le 20 août 1995, est un auteur de bande dessinée italien. Son œuvre la plus connue est Corto Maltese (1967-1991), ...


Il y a des trucs à dire sur la BD. Mais avant tout, j'y trouve un "Raspoutine" qui est aussi appelé "clochard céleste" une fois.

Vu que des gens m'ont comparé à Raspoutine, vu qu'on m'a parfois qualifié de clochard céleste, j'espère que ce personnage assez sinistre ne soit pas comment certains m'apperçoivent !

Car moi et Bastien Vivès, ce n'est pas six degrés de séparation. Lui à fait beaux-arts avec une demoiselle dont je tairais ici le nom. Moi, je l'ai cherchée sur le Chemin de St. Jacques après de l'avoir connue dans une ferme de fraises au Danemark. Entretemps, elle est mariée et mère, je ne la cherche plus. Mais le fait que je l'ai fait dans le passé ne donne pas le droit de falsifier la perception de moi, même dans un cercle très restreint, si le résultat est qu'on me considère comme totalement un autre type que je suis.

J'espère vraiment que l'allusion de Bastien Vivès soit très, très légère, qu'elle ne soit pas comment dans ce genre de cercles on m'apperçoive ! Le personnage BD est quelqu'un dont on peut dire qu'il a brûlé la tête. Je n'aime pas l'idée qu'on me considère comme ça./HGL

PS — et la BD ? Une autre fois. D'abord, un peu à communiquer avec Mr. Vivès ....