Pour guérir de cette sottise raciste et anti-nordique, il suffirait d'ouvrir pour quelque demi-heure Moomin et les brigands.
Par malheur, Moumine s'y retrouve en orthographe anglaise et le Renaclérican même de son nom anglais, Snufkin. Heureusement, l'auteure - mémoire éternelle - s'y retrouve sous vrai nom correctement orthographié: Tove Jansson. N'hésitez surtout pas de le prononcer Touvé Yâneçone, mais chez nous ça s'épelle Tove Jansson, et c'est bien ça qu'on retrouve sur la couverture.
Avec une de ses inimitables dessins, ligne claire avec inspirations d'art déco et d'art russe folklorique, pas sans absurdisme (les formes ne sont pas vraiment humains - mais les traits le sont d'avantage) - donc plus avancé qu'Hergé, n'en déplaise pas aux tintinophiles!
Avant même de lire la troisième histoire, Moumine "sur la Côte d'Azur", les deux premiers suffisent pour montrer le genre de BD dont on parle. C'est vraiment de l'aventure et de l'humour jusqu'à l'absurde! On aime - on devient accro. On n'aime pas ... c'est irréconciliable. Mois, j'aime, autrement je m'embêterais pas de faire la critique.
"Les brigands" commence avec Moumine ayant un grand fatigue et trop d'invités pour se reposer. Il est visité par Snif, un ami un peu relou, mais aimable. Juste quand ils parlent d'évicter les invités de trop, il doit encore accueillir des hatifnattes. A la fin de l'histoire, c'est eux qu'il tourne vers les brigands qui détiennent des captifs, qui - une fois libérés - restituent la maison que Moumine venait de perdre au debut. Entre les deux extrèmes on le voit ...
- en expulseur d'invités, maladroit par la politesse qui défend la méthode directe;
- en ami d'amis plutôt pénibles;
- en délogé;
- en prisonnier d'un flic
- en escroc (par l'initiative de son ami Snif) ...
Il s'agit là d'une cure de rajeunissement. Au debut il rencontre des gens qui refusent de l'acheter ou même essayer: un vieil homme qui veut pas recommencer les ennuis avec les filles, une dame plutôt caballiforme et très vaine qui est insultée du propos. Les dames de la maison de repos se trouvent transformées en ... non, pas les demoiselles ravissantes d'antan qu'elles étaient, mais en ... vieux hommes barbus et satyriques. Les prochaines cobayes ne sont guère plus prometteuses, chacune se transforme en son contraire, et elles donnent pas l'argent que Snif avait souhaité. Même pas au zoo. On voit encore Moumine comme:
- fausse voyante
- pseudo-artiste
- et amant
en les 23 pages - ce que vous donne une idée du tempo. Les brigands qui ont donné leurs nom à l'histoire commettent la fausse demarche de séquestrer M:elle Snork.
"Avancez et tuez ces bandits de grands chemins!" ce ne sont pas les mot qui sortent habituellement de la bouche de notre anti-héro. M:elle Snork n'est ni la seule libérée, ni la blonde stupide archétipique qui se fait séquestrer, non plus.
"Vie familiale de Moumine" ... je vous laisse découvrir (la riche tante Jane n'est pas trop sympa, mais avait quand même la bonté de ne pas appeler les DDASS).
Les histoires suivantes ... me restent encore à découvrir à la prochaine visite de cette bibliothèque.
Hans Lundahl
Carpentras
14/27 mai 2008
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