dimanche 25 août 2019

Souvenirs d'un Elficologue


En vie réelle, plus ou moins le héro serait en péché mortel, dès qu'il accepte d'être initié druide. La trilogie de BD joue pour la plupart (une scène où il rencontre un vieux journaliste républicain à part, cette scène étant à Paris, et ensuite le voyage à train vers la Normandie) aux alentours de Mont St. Michel.

Ceci est, à l'époque, une prison, on est donc entre 1811 et 1863. Probablement sous Napoléon III (d'où le gêne que le vieux journaliste occasionne à son journal par ses convictions républicaines). Et je crois que la prison et la présence d'un aumônier franciscain sont les choses qui approchent le plus cette histoire à ce qu'on appelle l'histoire.

Car, dans la BD, on a droit à Balor, roi des Fomoires, que le peuple de la déesse Danann avait privé de vie normale, arrachant son coeur et le cachant sous des antres quelque part dans la région, mais qui revient par quelque nécromancie néfaste, sous des traits mélangeant Venom (voir Spiderman) avec les poulpes. En occurrence, je viens d'apprendre le mot français "seiche" et de réfléchir que "la seiche" vient du latin "sepia". Mais les bras de seiche de Balor ont davantage à faire avec la mort qu'avec les peintures en sepia.

La scène d'ouverture implique un collecteur de moules ou autre choses à la plage, et Balor. Une fois qu'il est mort, il est trouvé après quelques jours par la calèche dans laquelle les journalistes de Paris viennent à Mont St. Michel. Une petite seiche est sortie de sa bouche, la calèche a pué, les gens ont été trouvé ça très pénible.

Paul Laforêt va aussi trouver des feys - les elfes assez classiques, genre ceux de Peter Pan, mais ici partie de Tuatha Dé Danann - pénibles, avec leur insistance qu'il vit entre deux mondes. Quelques mésaventures avec Balor et quelques aventures impliquant une belle gitane, il va changer d'avis.

À part le fait que le charactère spécifique de divinité, d'avoir droit à l'adoration, n'est pas abordé, les dieux irlandais, feys d'un côté, Balor de l'autre, comme dernier Fomoire, vont jouer un rôle marquant. Ce qui se trouve en jeu, comme dans certains films américains, d'il y a quelques décades, va avoir davantage à faire avec Chamanisme qu'avec Christianisme.

Un plus, les gobelins, certes parodiques et méchants, ont du style. Quand Paul Laforêt et Gigi - alias une princesse de l'autre monde - entrent l'autre monde pour chercher la lance de Lug, viennent les gobelins, l'un dit "nous avons des problèmes" et le gobelin va répondre "non, vous avez des gros problèmes" - ici, les gobelins, quoique méchants, deviennent davantage une tribu ennemie que la méchanceté humaine illustrée en raccourcie, comme ils le sont chez Tolkien. (Ceci ne veut pas dire que je suis contre Tolkien, juste que la "variatio delectat").

Je ne vais pas trop révéler de l'action, mais, comme divertissement, ça a son effet. Je déconseille pour ceux qui ne sont pas fondés dans la foi catholique, par contre, surtout que le chamanisme devient "nouveau chic". Gloris et Bordier ont fait un bon ouvrage, et si l'action est assez loin de l'onirique trop confus en Arzach (mon avis), un peu l'esprit de jeu et la qualité des images rappelle le Moebius qu'ils admirent (selon une des dédicaces d'auteurs au début d'un tome).

Hans Georg Lundahl
Paris XI
Dimanche après
St. Bartholomé
25.VIII.2019

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