vendredi 7 novembre 2025
Une excuse et une grâce
Les Enfants de Timpelbach · Un sécularisme déplacé · Une excuse et une grâce
D'abord, quand Henry Winterfeld commença son roman, il n'était pas encore en Autriche, ou alors il venait d'arriver. Il était à Hambourg, encore ou récemment. On peut entre autre le comprendre quand la bande des méchants s'appelle "les Pirates" ... à Hambourg il y a une statue de Klaus Störtebeker, certes de bien après 1933, puisque son sculpteur est né en 1930. Si les bons sont pas mal intéressés d'une répartition équitable des ressources, c'est à la limite parce que les Vitaliens (dont Störtebeker) s'appellaient aussi Likedeeler = réparteurs à égalité.
Si à Hambourg même les adultes se font mal dans les excès, je pense avoir vu des vomitoires à côté des toilettes en Allemagne du Nord (en passage en 2004, sur mon pèlerinage), ça explique aussi pourquoi dans le roman les enfants dépourvus de parents, ceux dans la bande d'Oscar Stettner, mangent chocolat et boivent limonade et bière jusqu'en avoir mal.
Mais encore plus important. Il commence à écrire quand son fils Thomas Henry Winterfeld (plus tard océanographe) avait la scarlatine. Quand un fils de dix ans a la scarlatine, on ne gaspille pas du temps en documentation minutieuse, on raconte. Tel est l'excuse de Henry.
Pour grâce ... j'avais l'impression, peut-être après vandalisme sur la wiki, que c'était en 1932 que le fils avait la scarlatine. Or, dans ce cas, le récit aurait pu lui inspirer en partie l'exile en Autriche. Un bon réfuge avant l'Anschluss. Comme déjà dit./HGL
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mercredi 5 novembre 2025
Un sécularisme déplacé
Les Enfants de Timpelbach · Un sécularisme déplacé · Une excuse et une grâce
Imaginez qu'un auteur dont on sait une connection à une église évangélique aurait imaginé un récit placé dans un village du Mexique où l'on détestait de célébrer Santa Muerte, bien qu'on soit Catholiques. Ou placé dans un village de la Chine, où l'on n'aimait pas les dragons du Nouvel An Chinois. Dans le village en Mexique, personne ne dit "Santa María" et dans le village en Chine personne ne dit à quelqu'un en difficulté "que Bouddha soit avec toi" ... "guide tes pas" (bon, ça fait longtemps que je n'ai pas lu He Pao par Vink et encore plus longtemps depuis que j'avais accès à des BD avec Marco Polo et son ami le jeune Ouïghour, les Ouïghours étant au feu royaume de Qocho encore Bouddhistes au temps de Marco Polo). On aurait conclu, sans hésiter, que l'auteur, malgré le fait de cacher son biais anti-Catholique ou anti-religions-de-la-Chine, en avait, et qu'en écrivant, il avait sacrifié le réalisme à ce biais.
Je vais peut-être donner un jugement un peu plus clément que ça pour Henry Winterfeld, mais entretemps, Timpelbach, pourtant une ville catholique, n'est ni décrit par un Catholique, ni par quelqu'un qui connaît bien le Catholicisme. Et puisque le Catholicisme d'Autriche et d'Allemagne du Sud donne des "mauvaises vibrations" à certains, je vais faire un excursus. Non, si le Catholique de cette région et de cette époque avait une tendance antisémite assez prononcée (tendance assumée mais aussi retenue chez le régime auprès duquel Henry Winterfeld fleurissait à ce temps), ce n'est pas par fondamentalisme à propos la prière Oremus et pro perfidis judæis. Ce n'est pas en ignorant tout ce qui s'est passé depuis la Crucifixion. Ce n'est pas même en souvenir de martyrs garçons (Bx. Simon de Trente, que je considère effectivement égorgé par des Juifs, très minoritaires et mal à l'aise dans cette ville, Bx. Andrée de Rinn, pour lequel je pense plutôt que des Juifs strictement absents ont servi pour innocenter l'oncle que je considère comme le vrai coupable, probablement pour avoir l'excuse du lévirat pour épouser la mère du Bx. Andrée, veuve, mais ayant un fils, un héritier mâle, jusqu'à la mort d'Andrée). Non, c'est par une méprise, quelque part ridicule, mais pas incompréhensible, de ce qui se passait dans la Commune.
Récit réel, pour deux faits. D'un côté, les Rothschild soignent gratuitement les Communards, et en gratitude, quand ceux-ci pillent des villas des riches, ils épargnent les Rothschild. De l'autre côté, Auguste Blanqui est une ordure d'anticlérical, et il conseille ou ordonne aux communards d'égorger les ôtages, dont l'archevêque de Paris. Les deux fait ne sont pas cause et effet, ils sont deux effets séparés du fait que les Socialistes (d'une école anglaise) étaient à la fois contre l'Église Catholique et plutôt pour les Juifs et les Franc-Maçons, dont les Rothschild et Blanqui.
Récit raccourci. On omet que les Rothschild soignent gratuitement les Communards. On omet le mobile de la gratitude. On omet le rôle de Blanqui. La perspective qui en résulte est à peu près que les Rothschild manipulent la Commune à sa perte et aussi à l'égorgément des prêtres catholiques. C'est comme ça que les germanophones catholiques voyaient les relations entre Juifs, Socialisme et Anticléricalisme on ne peut plus farouche. On ne peut pas prétendre que la Révolution russe avait pu raisonnablement à leur changer les idées là-dessus. C'est comme ça, faut pas en vouloir plus que ça, même si vous êtes (par quelque hasard qui arrive parmi mes lecteurs) Juif.
J'espère avoir dédémonisé le Catholicisme sud-allemand et autrichien des décennies avant la Seconde Guerre mondiale, et je vais maintenant dire un mot sur le fait comment il manque au récit de Winterfeld.
Le héro et l'écrivain du récit dans le récit, Michael Manfred, a du flair pour les choses techniques. Il a vu comment on conduit une voiture, mais il ne l'a jamais fait. Il se planque et se trouve en train d'aller en arrière et il est arrêté par la statue de St. Matthieu. L'automobile s'arrête. La statue tombe. Je pensais pourtant que la statue se trouvait dans une fontaine un peu plus vaste, et je pensais que la fontaine allait amorcer l'essor en arrière de la voiture, mais bon. La statue tombe, et les enfants sont un peu choqués. Mais personne entre eux pense à dire "pardon, Matthieu" et personne ne fait un signe de la croix en prière de réparation. C'est comme si une statue de St. Matthieu à Timpelbach et une statue à Martin Luther par l'Église de St. Michel à Hambourg, c'est kif kif ... pas de quoi enthousiasmer personne.
En fait, personne ne fait un signe de la croix, personne ne dit "Jésus, Marie, à l'aide" (en allemand "Jesus, Maria, hilf!"), personne ne prie un Ave Maria, personne ne marmonne un chapelet.
Les enfants de Timplebach ne sont pas d'Autriche, surtout pas de l'Autriche de cette époque là, ils sont de Hambourg, ou Berlin, où Bismarck avait fait une œuvre parallèle à Jules Ferry et à Émile Combes, et où donc la jeunesse se passait assez bien de religion, à moins de verser dans l'idéalisme. Si vous connaissez le personnage Pony Hütchen et le roman Emil und die Detective, vous savez exactement de quel genre de jeunesse je pense. Personne ne prie, parce que personne a une foi prononcée en Dieu. Pour Berlin de l'époque d'Erich Kästner, pas mal vu. Très juste. Et le Hambourg que Henry Winterfeld avait connu avant de se réfugier en Autriche, pas trop différent. Mais Autriche était à cette Allemagne à peu près ce que Mâlines au temps du Cardinal Mercier était à la Troisième République. Le Catholique a une relation à la fois sacrée et personnelle avec St. Matthieu, même en simple statue. Winterfeld n'aurait jamais écrit pareil sur les téfilim d'un Juif harédi.
Et si Timpelbach a une église, pourquoi le curé est-il totalement absent de l'histoire ? Winterfeld l'ignorait peut-être, mais normalement une église catholique est desservi par un prêtre qui célèbre la Messe chaque jour. Imaginer que l'Église de St. Matthieu (c'est dit église et non chapelle !) ait pu rester vide, à part la sonnerie des cloches (que Winterfeld a le bon goût de noter), même en semaine, pour quelqu'un qui connaît la religion catholique, c'est de la pure folie. Ce n'est pas comme de nos jours de déchristianisation et de déruralisation, où le dénier de trois ou cinq églises de nos jours baisse en dessous le dénier qu'avait autrefois une seule, en termes du pouvoir d'achat. Ah non. Autriche des années 1930, le Catholicisme était fort (et il était le rempart du régime Austrofasciste et donc du réfuge qu'avait trouvé Henrey Winterfeld). Vous vouliez sortir de l'Église ? Vous deviez vous soumettre à une examination par psychiatre, ou en pays de Salzbourg, six semaines d'arrestation chez la police avant d'avoir le dossier considéré. Un Catholicisme tellement fort a une forte base populaire, il n'est pas possible d'imaginer un Timpelbach en 1937 qui aurait manqué du prêtre. À la limite, il aurait fallu expliquer que le vieux curé avait dû partir en hôpital et même alors un chapelain pour le remplacer temporairement aurait été trouvé quelque part à Kollersheim en moins de 24 heures.
Il est également impossible qu'un curé Catholique aurait délaissé son église pour obéir à l'injonction de la mairie. Il n'aurait pas délaissé la sacristie et encore moins le tabernacle à une ville remplie d'enfants voyous. Et il n'aurait pas délaissé les enfants non plus. Willy Hak au moins, ayant fait peine à un chat sans aucune nécessité ou utilité, se trouvait en péché mortel, et le prêtre aurait voulu être là pour entendre la confession, même si elle risquait de tarder.
Impossible également qu'il n'aurait pas fait d'objections au plan, et, Timpelbach n'étant pas Clochemerle, impossible qu'on ne l'aurait pas entendu. Et encore, s'il avait par quelque insouciance pu se déplacer avec les autres pour une excursion, impossible que les gardiens de frontière à l'Italie n'auraient pas respecté son avis qu'il fallait vite retourner aux enfants. Mais peut-être Timpelbach serat plutôt censé se trouver vers la frontière de Bavière, et pourtant, même NS par commodité, là-bas, ils auraient respecté un prêtre catholique. Les NS ont certes persécuté l'Église, mais en des mesures diverses, c'est plus facile de priver un évêque catholique de permis (il avait roulé vite en allant vers un mourant) s'il se trouve à Dresde (ville natale d'Erich Kästner) que s'il se trouve à Munich.
À part le mauvais goût sur la statue, il y a un manque très pertinant de documentation sur le genre de situation, un manque de réalisme. Ce n'est pas à Cornouailles que les hommes portent le kilt et jouent Scotland the Brave en cornemuse, c'est en Écosse. Ce n'est pas au Texas qu'on parle une langue sœur de l'Anglais, le Braid Scots. Ce n'est pas une ville minière près de Lille où on fait la sieste avec un apéro de pastaga et joue la pétanque. Et ce n'est pas non plus en Autriche ou Bavière de cette époque que la religion chrétienne, de toute manière protestante, se fait invisible, sauf pour les très intéressés. Une ville autrichienne de 1937 n'a pas une population d'enfants issus de Berlin de 1929, dont Pony Hütchen. On comprend pourquoi le roman est apparu en Suisse et non en Autriche où se trouvait l'auteur.
Hans Georg Lundahl
Cergy
Sts. Zacharie et Élisabeth
5.XI.2025
Sancti Zachariae, Sacerdotis et Prophetae, qui pater exstitit beati Joannis Baptistae, Praecursoris Domini.
Item sanctae Elisabeth, ejusdem sanctissimi Praecursoris matris.
PS, j'ai trop peu dormi. J'avais écrit ceci :
Je vais peut-être donner un jugement un peu plus clément que ça pour Henry Winterfeld
et pourtant je ne suis pas arrivé. Mon jugement sur lui, c'est, vu que les Autrichiens parlent l'allemand, il avait jugé l'Autriche, au fond des choses, pas trop différent du Hambourg qu'il avait connu. Il ne s'était simplement pas rendu compte de ce qu'il faisait comme bourde./HGL
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mardi 4 novembre 2025
Les Enfants de Timpelbach
Les Enfants de Timpelbach · Un sécularisme déplacé · Une excuse et une grâce
Tout d'abord, Mr. Henry Winterfeld a fui l'Allemagne en 1933, en Autriche. Pour certains (oui, il en était) très naturel de fuire l'Allemagne en 1933. Et puisqu'il ne quitte pas l'Autriche avant 1938, il n'a pas dû se sentir incommodé par l'Austrofascisme. En 1937, son roman est publié en Suisse. Entre autres choses, ça explique que la voiture la plus voyante du roman a encore une manivelle — même si elle marche aussi sur clef.
En plus, l'Italie étant sous Mussolini explique peut-être le délai des parents ... eh oui. Des parents outragés par le désordre semé par des jeunes de Timpelbach (à l'original Timpetill), curieusement sans ados plus âgés de 13 ... si ce n'est que les 14 et plus âgés sont en pension à Kollersheim pour le Gymnasium, Real-Gymnasium ou Realschule (trois versions du lycée en Autriche). Ces parents outragés, donc, font une conférence dans la mairie, décident de partir pour une journée pour laisser les enfants se débrouiller tous seuls, ayant pris le train à Kollersheim, ils vont en excursion dans une forêt, se trompent de sens, et sont arrêtés par des troupes frontaliers de l'autre pays. À Tyrol, ça pourra être l'Allemagne dans la Bavière, l'Italie dans la Lombardie ou dans le Tyrol de Sud ou Suisse dans les Grisons. Et ce sera des jours avant qu'ils puissent finalement revenir à la ville. Peut-être la publication en Suisse a été motivé pour qu'en Autriche il n'y ait pas de soucis avec les Italiens ou Allemands irrités pour cette description.
1937 ? C'est donc tellement avant Sa majesté des mouches que Bilbon le Hobbit est avant le premier volume du Seigneur des Anneaux. Ce n'est pas parce que le temps que les enfants sont laissés à eux-mêmes est plus court chez Winterfeld que chez Golding, que ça finit mieux. Aussi, les enfants sont chez eux, ils ne sont que provisoirement coupés des conforts de la civilisation (les parents avaient coupé l'eau et l'électricité), et les habitudes sages des temps des parents sont les meilleurs pistes pour les retrouver (avec un tout petit peu de techniques de cambriolage avec). Mais, peut-être 1954 était une année plus sombre que 1937 et Golding, irréligieux qui garde de ses origines chrétiennes protestantes l'idée du péché originel, dans la version protestante exaggérée, plus sombre que le serait un Catholique ou que le serait encore ... comme Winterfeld ... un Juif. En plus de Hambourg, aire luthérienne et donc essentiellement néopaïenne.*
Sachant qu'il était Juif, j'ai moins de goût encore pour la scène avec la statue de St. Matthieu (raison probable de la non-publication en Autriche**). Mais au moins on peut dire que la statue sauve une vie, à peu près. Il s'agit d'un garçon derrière le volant. Oui, sans permis. Vous aviez quelle expectation sur un livre où les enfants sont laissés tous seuls dans la ville ?
Mais, à différence du Golding, chez Winterfeld, au moins ce roman, même les voyous ne commettent pas de meurtres. En allemand, ses romans sur Caïus (jeune détective des temps romains) sont plus lus, je ne sais pas s'ils contiennent des meurtres./HGL
PS, ne cherchez pas Timpelbach, ou Kollersheim, sur la carte, c'est comme de chercher Syldavie sur une carte du Balkan./HGL
* Joyeuse, pas forcément pour les sdf.
** Catholique d'une manière très confessionnelle.
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mercredi 30 octobre 2024
Est-ce que St. Paul interdit le manga ou l'animé ?
Je ne parle pas de telle ou telle œuvre à cause du contenu.
C'est fort possible que Love Hina offense, par le délai prolongé entre première attraction et le mariage, contre l'adage :
Mais s’ils ne peuvent se contenir, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler.
(I Cor 7)
Et par le fait que Keitaro soit obligé de tellement prendre du mentorat de son frère aîné, contre l'adage, pas paulin mais dominical cette fois :
Et ne donnez à personne sur la terre le nom de Père ; car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est dans les cieux. Qu’on ne vous appelle pas non plus Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, le Christ.
(Matth. 23)
Ou, on pourrait considérer que le manga en question illustre comme satire sociétal ce que St. Paul avait prévu :
des doctrines diaboliques ; enseignées par d’hypocrites imposteurs qui ont la marque de la flétrissure dans leur propre conscience ; qui proscrivent le mariage,
(I Tim 4)
Et ceci entre autre à des gens qu'on considère encore pas suffisamment réussis ... ce qui pourrait donc rendre Love Hina (à part certaines scènes trop cocasses) licite.
Non, je parle du genre. Certains aimeraient citer :
Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai laissé là ce qui était de l’enfant.
(I Cor 13)
Certains prétendraient que, pathologique ou non dans le sens physique, à la limite "le syndrome de Peter Pan" serait au moins un péché. À savoir contre cette injonction de l'Apôtre ... qui n'en est pas.
Un temps quand j'étais enfant, je trouvais encore fantastique l'idée de pouvoir mettre les mains dans la poche et sortir exactement le montant désiré pour l'achat.
D'un côté, sans de travailler pour (attention, je fais mon boulot* d'écrivain), ni d'en recevoir comme cadeau par quelqu'un qui en avait davantage de droit direct. Mais d'un autre côté, depuis, j'ai compris le sens de la fin de cette série**. Un revenu sans travail*** implique un vide dans la poche de quelqu'un qui travaille. La morale est à peu près celle de L'Ile des Naufragés par Louis Even. Ceci, j'étais à l'âge de sept ans (le temps de la série en télévision) pas très apte à capter. St. Paul parle de cette expérience universelle, de mûrir. Et il l'utilise comme illustration que tous les sauvés nous comprendrons à la fin que "l'amour vaincra" ou pour parler de la source de Frère Paul-Adrien° :
Maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, la charité ; mais la plus grande des trois c’est la charité.
(I Cor 13, un peu plus loin et le dernier verset)
Pour revenir brièvement à ce garçon aux pantalons à l'or, s'il comprend à la fin qu'il faut restituer, c'est pas sans conséquence qu'il s'appelle Mats — le suédois pour Mathias ou Matthieu. Quand il fait ça en donnant aux assoc., ce n'est pas sans conséquence qu'il s'appelle Nilsson en nom de famille. Nils étant le suédois pour Nicolas.
Le point est, St. Paul ne fait aucune injonction contre que ce soit syndrome de Peter Pan ou que ce soit de traduire St. Thomas d'Aquin en des termes quottidiens ce qui souligne le côté que certains trouveraient naïf ou enfantin ou même infantil et (que Dieu les convertisse !) niais.°° Je dirais au contraire que de chercher une aura d'adulte sérieux pourrait parfois enfreindre l'injonction dominicale :
Ils aiment la première place dans les festins, les premiers sièges dans les synagogues, les salutations dans les places publiques, et à s’entendre appeler par les hommes Rabbi. Pour vous, ne vous faites point appeler Rabbi ; car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères.
(Matth. 23)
On vient de prétendre comme réfutation des évangiles que le titre "rabbi" ou "rabbin" n'existait pas au temps de la vie terrestre de Notre Seigneur. Paraît pas trop grave, je pense que les contextes dans les Évangiles pourraient s'expliquer comme un honorifique un peu moins formel, genre comme au japonais "sensei" ... ou comme mentor. Quand je pense à ma lecture Du Rabbin Small et je regarde ce qui se trouve en I Tim, je pense possible que la fonction de rabbin chez les Juifs talmudiques (et dérivés) a pu se former avec un regard furtif (surtout pas avoué) sur la fonction de l'évêque chez les Chrétiens.
Si j'ai raison en ceci, et Jaïre me semble donner raison, car St. Marc l'appelle pas "rabbi" ou "rabbin" mais un des chefs de la synagogue, Jésus critique alors pas la recherche d'une position hiérarchique bien définie (au contraire loué en I Tim 3), il critique l'ambition d'être pris au sérieux, de paraître solide, d'avoir l'approbation des autres comme quasi-confirmation de sa solidité. C'est le programme tout contraire au celui de certains psys qui prétendent "guérir" du syndrome de Peter Pan.
Il y a certains moralistes pour qui la "paralittérature" et la "culture populaire" sont par définition en déficit moral. Je pense que tout simplement leur position n'est pas celui de l'Église catholique, et si certains prendraient l'époque qu'on mit en garde contre Hollywood, soyons clairs qu'avant le code Hays, pas mal de films de Hollywood avaient des scènes trop cocasses, qui dépassaient le fan service. Ce n'est pas simplement le cas que la culture populaire en tant que telle était vue comme pécheresse.
Déjà, par exemple, dans l'encyclique DIVINI ILLIUS MAGISTRI, avons-nous exprimé le regret de voir "ces puissants diffuseurs, susceptibles de collaborer magnifiquement à l'enseignement et à l'éducation s'ils étaient au service de la vérité, devenir, hélas! trop souvent les pourvoyeurs de gains immondes et de plaisirs exaltant le vice". (A. Ap. Sed., 1930, vol. XXII, p. 82).
Dans la suite de Vigilanti cura, pape Pie XI souligne que le respect de la décence n'a pas baissé les revenus, bien au contraire, et on peut en conclure que c'est de Hollywood qu'il parle, pas d'un cinéma "d'art" dit tel par contraste avec le cinéma commercial :
On avait également prédit, mais sans fournir de raison plausible, que, du fait de la croisade, les capitaux engagés dans l'industrie cinématographique subiraient de sérieux dommages. Il n'en fut rien. Nombreux sont, en effet, les amateurs de cinéma qui s'en étaient éloignes avec horreur à cause des profanations qu'ils y voyaient infliger aux bonnes moeurs, et qui se sont empressés d'y revenir dès qu'ils ont pu se convaincre que les spectacles n'offensaient plus l'honnêteté chrétienne ou simplement humaine.
Il se trouve qu'en partie le pape a été trompé dans les faits.°°° Comme dit, Queen Christina le film est un insulte à la reine abdiquée de mon pays. J'ai vu son tombeau dans la Basilique Saint-Pierre, d'ailleurs. (Oui, 41° 54′ 08″ nord, 12° 27′ 12″ est, comme dans une lecture mauvaise du sextant par les Dupont).
Mais ce qui reste sûr, Pape Pie XI ne condamna pas la culture populaire en tant que telle, et Tintinophile que je suis, Astérigophile aussi, j'en suis soulagé.
Hans Georg Lundahl
Paris
Veille de Toussaint
31.X.2024
* Voir ma production de septembre, par exemple :
Production September 2024
Et mon lectorat, par exemple les statistiques de deux semaines en septembre :
Statistique de deux semaines
** Pojken med guldbyxorna, pas juste la série de 1975, mais aussi comme livre de 1967, mais je l'ai vue en télévision. Auteur Max Lundgren.
*** Y compris travail d'un donateur.
° Dont le contenu est parfois moderniste en doctrine, genre il est contre le créationnisme.
°° Par exemple de traduire "puissance" par "possibilité" à part quand il s'agit d'une puissance active d'un agent (d'un agissant !) — car il s'agit d'un pouvoir-arriver ou d'un pouvoir-faire, tout simplement ça.
°°° Je donne quelques critiques contre la League of Decency en ce post d'il y a quelques années :
Michael Matt Overpraised Legion of Decency and Denigrated Greydanus beyond Demerit
https://assortedretorts.blogspot.com/2018/03/michael-matt-overpraised-legion-of.html
Et en ce post, à moins qu'ils ignoraient les détails :
Was the Catholic League of Decency Catholic, Back Then?
https://assortedretorts.blogspot.com/2022/05/was-catholic-league-of-decency-catholic.html
jeudi 15 août 2024
"L'invitation au voyage avec Corto Maltese"
Je viens de lire Océan Noir · Corto Maltese, BD accessoire en "Fantomen" ? · Un autre, pas Cort (o Malt) ese, mais Cortese · "L'invitation au voyage avec Corto Maltese"
C'est une des publicités pour la grande exposition Corto Maltese à notre Pompidolienne.
C'est d'un côté juste. De l'autre, ça me rappelle un autre auteur qui "invite au voyage" ...
Regardons quels livres de Karl May étaient traduits en italien en 1967, quand Hugo Pratt commence "Una ballata del mare salato"
Nelle terre del profeta - Milano - Tip. Vecchi - 1934
Il tesoro del Lago d'Argento, traduzione di Angelo Treves - Milano - Sonzogno - 1939, romanzo western
La fattoria nel deserto: romanzo di avventure, traduzione di F. Federici - Milano - V. Bompiani e C. - 1955, romanzo western
Le avventure di Mano-di-Ferro, traduzione di Rita Banti - Firenze - Salani - 1956, romanzo western
I Figli del Sole (Das Vermächtnis des Inka) - Firenze - A. Salani - 1959, romanzo di avventure
Mano-di-Ferro sul sentiero di guerra - Firenze - A. Salani - 1961, romanzo western
L'invincibile Mano-di-Ferro, traduzione di R. Banti - Firenze - A. Salani - 1962, romanzo western
I Figli del Sole (Das Vermächtnis des Inka) - Firenze - Salani - 1962, romanzo di avventure
Nelle terre del profeta — je ne suis pas sûr si l'endroit est le Soudan (16.—18. Im Lande des Mahdi I—III) ou l'Empire Ottoman (1. Durch Wüste und Harem (1892, ab 1895 Durch die Wüste), 2. Durchs wilde Kurdistan (1892), 3. Von Bagdad nach Stambul (1892), 4. In den Schluchten des Balkan (1892), 5. Durch das Land der Skipetaren (1892), 6. Der Schut (1892)), je pense plutôt le premier. Conférons pour Corto Maltese, Les Éthiopiques.
Il tesoro del Lago d'Argento (Der Schatz im Silbersee), c'est le Wild West. La fattoria nel deserto, Le avventure di Mano-di-Ferro, Mano-di-Ferro sul sentiero di guerra, L'invincibile Mano-di-Ferro aussi, pour le premier je ne sais pas lesquels, pour les trois autres, je pense 7.—9. Winnetou I—III.
I Figli del Sole (Das Vermächtnis des Inka), Amérique du Sud. Conférons pour Corto Maltese Sous le signe du Capricorne, Corto toujours un peu plus loin, Tango et aussi parties du fan fiction par Martin Quenehen et Bastien Vivès, Océan Noir.
Notons que si, pour la période de la Révolution russe, on a un Corto Maltese, Corto Maltese en Sibérie, pour la période Tsariste, on a un roman sur "das Kleeblatt", à savoir Zobeljäger und Kosack.
Il semble que Hugo Pratt n'était pas encore Franc-maçon au début de Corto Maltese, Karl May de son côté rêvait de devenir Franc-maçon un moment donné, mais c'est controversé s'il ait réalisé ce rêve.
La loge attire un certain type d'hommes, et à mon avis pas forcément les meilleurs raconteurs. Karl May, je le pose devant Hugo Pratt, mais derrière mes lumières de plus tard (C. S. Lewis, J. R. R. Tolkien, G. K. Chesterton, Hilaire Belloc), chez lesquels orthodoxie chrétienne (sauf que Lewis était anglican) et clarté d'écriture (chez tous) et bonne inspiration romancière (sauf chez Belloc) coïncident.
Bien entendu, l'idée d'un voyage dans les pages, c'est noble. Il y en a aussi chez Evert Taube. Sinon frère des loges, au moins habitué. Un peu difficile de faire carrière en musique si on boude systématiquement les loges, pour la Suède. Oui, il était balladeur. Il écrivit aussi des récits de ses voyages, comme Belloc aussi. Dans les deux la religion catholique est évoquée, chez Belloc parce qu'il était un Catholique, chez Taube, parce que, ayant rencontré un prêtre, il était choqué de ses opinions quasi Feeneyites (c'était en Amérique du Sud, je pense).
Et si Hugo Pratt avait été davantage intéressé de ses ancêtres jacobites que de l'ésotérisme ?
Hans Georg Lundahl
Paris
l'Assomption de N. D.
15.VIII.2024
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Karl May
lundi 29 juillet 2024
Un autre, pas Cort (o Malt) ese, mais Cortese
Je viens de lire Océan Noir · Corto Maltese, BD accessoire en "Fantomen" ? · Un autre, pas Cort (o Malt) ese, mais Cortese · "L'invitation au voyage avec Corto Maltese"
Un prêtre connu sous le nom de « Maximilien Kolbe d'Italie » enterré vivant
Jerome Chong | 28 July 2024
https://www.youtube.com/watch?v=oJvD_nzBz_Q
J'imagine que Stan Lee aurait aimé éditer une BD là-dessus. Je trouve que l'esthétique de la plume d'Hugo Pratt aurait convenu./HGL
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samedi 27 juillet 2024
Corto Maltese, BD accessoire en "Fantomen" ?
Je viens de lire Océan Noir · Corto Maltese, BD accessoire en "Fantomen" ? · Un autre, pas Cort (o Malt) ese, mais Cortese · "L'invitation au voyage avec Corto Maltese"
Si je me souviens bien, la BD de l'album Les Celtiques, qui met en scène Obéron a été sérialisé en Fantomen.
Le magazine en question donne à la fois Le Fantôme et des BD accessoires, dont, selon ma mémoire, une fois cette chose d'Obéron dans le monde Corto Maltese. M'a plu davantage que d'autres extraits de Corto, mais en général, Corto m'a moins plu que Le Fantôme en soi.
Je note que Pratt était en partie Juif et Franc-Maçon, Lee Falk était Juif, à ma meilleure connaissance pas Franc-Maçon.
Une critique française a qualifié Corto Maltese d'onirique. C'est vrai, même un peu trop. Il m'est arrivé d'acheter le numéro suivant de Fantomen pour une série du Fantôme, mais pas pour une série de Corto Maltese. La fois que je l'aurais presque fait est, quand Corto Maltese mit en scène Obéron.
Ça me fait bien d'avoir lu la fin de cette histoire, mais je reste pas vraiment un fan inconditionnel.
Lee Falk et Stan Lee, Juifs américains, sans appartenance à la Maçonnerie, me ressemblent davantage que Hugo Pratt ou Rudyard Kipling, Franc-Maçons.
C'est de Stan Lee (Juif agnostique) que j'ai l'info tellement primordial que trois choses effraient les vampyres :
- l'ail
- le Crucifixe
- les prières en latin.
Un autre agnostique, en partie d'origine juive, m'a aussi encouragé de devenir Catholique. Mon grand-père, par ses propos à ma mère. Il n'était pas religieux, mais la religion selon lui la plus juste, c'était l'Église catholique.
Par contre, aucun raconteur m'encourage de devenir Franc-Maçon ou pareil. Hugo Pratt ne rend pas alléchante la Gran Loggia d'Italia degli ALAM. Kipling va pas m'attirer à Lahore Masonic Temple. Dan Brown ne me fait pas rêver de Psi Upsilon. Et sur mon grand-père, par une épisode révélé par sa veuve m'en décourage. Les maçons lui ont offert une pension, il l'a refusé.
Mais en plus, ils sont inférieurs à Lee Falk et Stan Lee, et à Hal Foster, à mon goût. Et ceux-ci ne sont pas tout à fait à la hauteur de C. S. Lewis, J. R. R. Tolkien, G. K. Chesterton. Pour Belloc, je suis divisé, lui, comme Brasillac, moins les romans, mais bien certains d'autres proses, surtout Belloc.
Hans Georg Lundahl
Paris
St. Pantaléon de Nicomédie
27.VII.2024
PS, une Rachael Salzmann sur Quora dit avoir essayé de relire Le Monde de Narnia comme adulte, et qu'elle se trouvait incapable d'ignorer "the Christian crap" qu'elle avait réussi à ignorer comme enfant. Par contre, elle ne considère pas que la relecture serait infantile.
Elle n'est pas Chrétienne et n'aime pas Le Monde de Narnia. Je suis Chrétien, et j'aime Le Monde de Narnia./HGL
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