samedi 19 avril 2008

Love Hina (essentiellement une critique du Keitaro, très personnellement vécu)

Cette merveilleuse série de BDs japonaises pour jeunes filles - de Shôjo Manga, alors - me fait beaucoup de plaisir.

Je ne sais vraiment pas ou commencer mes louanges, mais si le moi n'est pas toujours haïssible, je commence avec mon homologue en Japon: Keitaro. Le geek archétypique. Le maladroit avec les filles et toute autre chose qui le concerne. Le gaffeur né.

C. S. Lewis distingue fantasy comme genre litéraire de "fantasizing" comme phénomène psychologique. Les livres qui mettent les geeks à rêver du succès, il en considère la lecture nombriliste. Et il les qualifie comme ayant lieu surtout dans les endroits ou des situations réalistes. Un geek ne rêve pas sérieusement de tuer des dragons lui-même, mais il peut rêver sérieusement de faire un come-back spectaculaire. J'en suis pas immunisé. Et je confesse que les péripéties de Keitaro me font rêver. Les livres où le geek devient sportif ... ben, ça ne m'a jamais très chanté. Je ne sais que trop bien, que m'entrainer, ça n'est pas vraiment mon truc - sauf la marche, la balade.

Mais Keitaro ne devient pas sportif. Il réussit ses études. Et ça ne m'a jamais posé de problèmes d'ordre de capacité mentale. Mes études ont été une dissipation entre autres - et beaucoup de mes autres dissipations ont été des études informelles, le sont en effet toujours.

Le presque miraculeux se tient du fait que ce supergaffeur réussit à faire une vie, d'abord une familiarité puis un amour et un mariage avec la belle Naru.

En attendant la fin heureuse, il y a 14 volumes (format manga, biensur) de comédie, rangeant du mignon, à travers la stupide querelle jusqu'aux gaffes qui concernent la pudeur. Car ce Keitaro est le dirigeant d'une pension pour filles, puisque sa grand-mère en est la propriétaire. Avec la pudeur et l'honneur japonaises et un gaffeur qui ne peut pas s'empêcher d'en enfreindre les bornes par pure maladresse et en gardant des intentions totalement honorables, il n'en manque pas des richissimes occasions. Pourtant, Love Hina ne devient jamais sexuellement explicite. C'est un schôjo manga, pas un hentaï!

A vrai dire, Keitaro a de la chance: en gérant une pension pour filles, il n'a pas à affronter les garçons genre macho. S'il avait à le faire, il serait possiblement harcelé, et par là les filles le fuiraient. (Je "dis vagues" sur le personnelle:) Je plains les garçons geeks qui se trouvent parmi dix à quinze garçons, dont la plupart plus sportifs qu'eux-mêmes dans la classe. Y compris moi-même entre la puberté et le debut de la première - mais celle-ci et la terminale étaient presque bonnes. La filière de lettres était peu fréquenté et je pouvais briller - jusqu'à irriter le prof - en latin et les autres sujets ou on était entre nous. En philo, par contre, on était avec la filière Sciences et je faisais faible figure à l'orale devant la classe. En logique, par contre, j'étais le seule de donner un papier "20/20" - le "19/20" était très fâché, vu qu'il était laïque dans les styles où Da Vinci Code a depuis pris la relève avec les Dawkins et les d'Onfray: il ne pouvait pas croire qu'un catho "outré" ou "fanatique" était son supérieur en logique, censée être notre faible à nous les "puces de benitier". Mais - et ça fait rêver - Keitaro n'avait pas à s'occuper des mecs.

Il est devenu archéologue. Ça me fait presque rêver. Juste presque. Les céramiques en morceaux cassés, d'abord il y en a d'uniforme, ensuite j'aimerais voire l'artisanat dans le contemporain et pas cassé, et finalement, les cadavres et les squélettes, à par les réliques de saints touchées précisement par piété, il est impie de les toucher par pure curiosité, n'en fût-ce question d'une curiosité scientifique. Mais, dans toutes les fouilles, Keitaro - au moins pour ce que j'ai vu, je na'i pas lu la collection complète - ne trouve que des céramiques et des trésors. Et un pays dont le nom fait équivoque avec l'université qu'il a nommé dans une promesse, celle d'entrer ensemble à Todai avec ... il pense que c'était Naru.

Quand il prefère celle-ci, il a raison. Elle est intelligente, mais pas rusée ou cynique. Kitsune est un brin rusée ou cynique: Naru, non. Sans être naïve, elle demeure innocente. Elle peut se fâcher, mais ne devient pas violente. Contraste: Motoko qui veut trancher la tête de Keitaro avec une épée Kendo après un insulte involontaire. Et a différence de Kitsune, elle ne fume pas. Biensur il s'efforce - et réussit finalement - de ne pas trop blesser les pré-ados qui craquent pour lui avec une dévotion naïve. Il y a la myope maladroite, qui est trop gaffeuse pour completter ce gaffeur-né, qu'il est.

Déso pour m'avoir trop concentré sur Keitaro, mais il est trop un autre moi pour que j'en parle pas.

Hans Lundahl
6/19 avril 2008
Aix en Provence

1 commentaire:

Pablo Javier a dit…

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