Je ne parle pas de telle ou telle œuvre à cause du contenu.
C'est fort possible que Love Hina offense, par le délai prolongé entre première attraction et le mariage, contre l'adage :
Mais s’ils ne peuvent se contenir, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler.
(I Cor 7)
Et par le fait que Keitaro soit obligé de tellement prendre du mentorat de son frère aîné, contre l'adage, pas paulin mais dominical cette fois :
Et ne donnez à personne sur la terre le nom de Père ; car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est dans les cieux. Qu’on ne vous appelle pas non plus Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, le Christ.
(Matth. 23)
Ou, on pourrait considérer que le manga en question illustre comme satire sociétal ce que St. Paul avait prévu :
des doctrines diaboliques ; enseignées par d’hypocrites imposteurs qui ont la marque de la flétrissure dans leur propre conscience ; qui proscrivent le mariage,
(I Tim 4)
Et ceci entre autre à des gens qu'on considère encore pas suffisamment réussis ... ce qui pourrait donc rendre Love Hina (à part certaines scènes trop cocasses) licite.
Non, je parle du genre. Certains aimeraient citer :
Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai laissé là ce qui était de l’enfant.
(I Cor 13)
Certains prétendraient que, pathologique ou non dans le sens physique, à la limite "le syndrome de Peter Pan" serait au moins un péché. À savoir contre cette injonction de l'Apôtre ... qui n'en est pas.
Un temps quand j'étais enfant, je trouvais encore fantastique l'idée de pouvoir mettre les mains dans la poche et sortir exactement le montant désiré pour l'achat.
D'un côté, sans de travailler pour (attention, je fais mon boulot* d'écrivain), ni d'en recevoir comme cadeau par quelqu'un qui en avait davantage de droit direct. Mais d'un autre côté, depuis, j'ai compris le sens de la fin de cette série**. Un revenu sans travail*** implique un vide dans la poche de quelqu'un qui travaille. La morale est à peu près celle de L'Ile des Naufragés par Louis Even. Ceci, j'étais à l'âge de sept ans (le temps de la série en télévision) pas très apte à capter. St. Paul parle de cette expérience universelle, de mûrir. Et il l'utilise comme illustration que tous les sauvés nous comprendrons à la fin que "l'amour vaincra" ou pour parler de la source de Frère Paul-Adrien° :
Maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, la charité ; mais la plus grande des trois c’est la charité.
(I Cor 13, un peu plus loin et le dernier verset)
Pour revenir brièvement à ce garçon aux pantalons à l'or, s'il comprend à la fin qu'il faut restituer, c'est pas sans conséquence qu'il s'appelle Mats — le suédois pour Mathias ou Matthieu. Quand il fait ça en donnant aux assoc., ce n'est pas sans conséquence qu'il s'appelle Nilsson en nom de famille. Nils étant le suédois pour Nicolas.
Le point est, St. Paul ne fait aucune injonction contre que ce soit syndrome de Peter Pan ou que ce soit de traduire St. Thomas d'Aquin en des termes quottidiens ce qui souligne le côté que certains trouveraient naïf ou enfantin ou même infantil et (que Dieu les convertisse !) niais.°° Je dirais au contraire que de chercher une aura d'adulte sérieux pourrait parfois enfreindre l'injonction dominicale :
Ils aiment la première place dans les festins, les premiers sièges dans les synagogues, les salutations dans les places publiques, et à s’entendre appeler par les hommes Rabbi. Pour vous, ne vous faites point appeler Rabbi ; car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères.
(Matth. 23)
On vient de prétendre comme réfutation des évangiles que le titre "rabbi" ou "rabbin" n'existait pas au temps de la vie terrestre de Notre Seigneur. Paraît pas trop grave, je pense que les contextes dans les Évangiles pourraient s'expliquer comme un honorifique un peu moins formel, genre comme au japonais "sensei" ... ou comme mentor. Quand je pense à ma lecture Du Rabbin Small et je regarde ce qui se trouve en I Tim, je pense possible que la fonction de rabbin chez les Juifs talmudiques (et dérivés) a pu se former avec un regard furtif (surtout pas avoué) sur la fonction de l'évêque chez les Chrétiens.
Si j'ai raison en ceci, et Jaïre me semble donner raison, car St. Marc l'appelle pas "rabbi" ou "rabbin" mais un des chefs de la synagogue, Jésus critique alors pas la recherche d'une position hiérarchique bien définie (au contraire loué en I Tim 3), il critique l'ambition d'être pris au sérieux, de paraître solide, d'avoir l'approbation des autres comme quasi-confirmation de sa solidité. C'est le programme tout contraire au celui de certains psys qui prétendent "guérir" du syndrome de Peter Pan.
Il y a certains moralistes pour qui la "paralittérature" et la "culture populaire" sont par définition en déficit moral. Je pense que tout simplement leur position n'est pas celui de l'Église catholique, et si certains prendraient l'époque qu'on mit en garde contre Hollywood, soyons clairs qu'avant le code Hays, pas mal de films de Hollywood avaient des scènes trop cocasses, qui dépassaient le fan service. Ce n'est pas simplement le cas que la culture populaire en tant que telle était vue comme pécheresse.
Déjà, par exemple, dans l'encyclique DIVINI ILLIUS MAGISTRI, avons-nous exprimé le regret de voir "ces puissants diffuseurs, susceptibles de collaborer magnifiquement à l'enseignement et à l'éducation s'ils étaient au service de la vérité, devenir, hélas! trop souvent les pourvoyeurs de gains immondes et de plaisirs exaltant le vice". (A. Ap. Sed., 1930, vol. XXII, p. 82).
Dans la suite de Vigilanti cura, pape Pie XI souligne que le respect de la décence n'a pas baissé les revenus, bien au contraire, et on peut en conclure que c'est de Hollywood qu'il parle, pas d'un cinéma "d'art" dit tel par contraste avec le cinéma commercial :
On avait également prédit, mais sans fournir de raison plausible, que, du fait de la croisade, les capitaux engagés dans l'industrie cinématographique subiraient de sérieux dommages. Il n'en fut rien. Nombreux sont, en effet, les amateurs de cinéma qui s'en étaient éloignes avec horreur à cause des profanations qu'ils y voyaient infliger aux bonnes moeurs, et qui se sont empressés d'y revenir dès qu'ils ont pu se convaincre que les spectacles n'offensaient plus l'honnêteté chrétienne ou simplement humaine.
Il se trouve qu'en partie le pape a été trompé dans les faits.°°° Comme dit, Queen Christina le film est un insulte à la reine abdiquée de mon pays. J'ai vu son tombeau dans la Basilique Saint-Pierre, d'ailleurs. (Oui, 41° 54′ 08″ nord, 12° 27′ 12″ est, comme dans une lecture mauvaise du sextant par les Dupont).
Mais ce qui reste sûr, Pape Pie XI ne condamna pas la culture populaire en tant que telle, et Tintinophile que je suis, Astérigophile aussi, j'en suis soulagé.
Hans Georg Lundahl
Paris
Veille de Toussaint
31.X.2024
* Voir ma production de septembre, par exemple :
Production September 2024
Et mon lectorat, par exemple les statistiques de deux semaines en septembre :
Statistique de deux semaines
** Pojken med guldbyxorna, pas juste la série de 1975, mais aussi comme livre de 1967, mais je l'ai vue en télévision. Auteur Max Lundgren.
*** Y compris travail d'un donateur.
° Dont le contenu est parfois moderniste en doctrine, genre il est contre le créationnisme.
°° Par exemple de traduire "puissance" par "possibilité" à part quand il s'agit d'une puissance active d'un agent (d'un agissant !) — car il s'agit d'un pouvoir-arriver ou d'un pouvoir-faire, tout simplement ça.
°°° Je donne quelques critiques contre la League of Decency en ce post d'il y a quelques années :
Michael Matt Overpraised Legion of Decency and Denigrated Greydanus beyond Demerit
https://assortedretorts.blogspot.com/2018/03/michael-matt-overpraised-legion-of.html
Et en ce post, à moins qu'ils ignoraient les détails :
Was the Catholic League of Decency Catholic, Back Then?
https://assortedretorts.blogspot.com/2022/05/was-catholic-league-of-decency-catholic.html